A la toute fin de la nuit, quand c’est à peine l’aube, il est temps de descendre car il faudra partir bientôt pour une longue journée. Joie de pouvoir se lever et de mettre ses deux pieds par terre, de descendre l’escalier. Un parfum fugace flotte dans l’air et accompagne les premiers pas du jour. Tout en approchant de la cuisine, on le reconnait : c’est celui mêlé du lilas double et du seringa amenés par une amie la veille. Quand on était allée la chercher, elle brandissait le bouquet comme un trophée puisqu’elle avait pu couper elle-même ces quelques branches dans son jardin – elle y était donc descendue, enfin, après l’avoir regardé par la fenêtre pendant de longs mois. Elle savait qu’elle allait faire un grand plaisir car ici, on vénère le lilas et le seringa. Cela allait avec la possibilité d’accepter une invitation à déjeuner, de rester assise le temps d’un repas, de pouvoir papoter avec les uns et les autres, ce qui n’est pas rien, de s’installer sur la terrasse pour siroter le café.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 104
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Trophée.
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L’espérance est verticale.
Quand on a pu voir l’intérieur de Notre Dame de Paris, le constat était implacable quant à l’étendue des dégâts. Pourtant, au fond de la nef, une croix encore intacte, presque brillante dans toute cette suie.
Quelles que soient les croyances des uns et des autres, elle symbolise ce qu’est l’espérance : rien n’est jamais totalement détruit. Il est peu probable qu’on puisse faire table rase après un drame, personnel ou collectif. Il faut poursuivre sa route à partir de ce qui reste, désormais si fragile. Et ce qui reste permet au regard de voir un peu plus loin et plus haut. Cette croix a au-dessus d’elle ce trou béant dans la voûte. De toute éternité, dans toutes les civilisations, les cultures, les croyances, c’est vers le ciel qu’on se tourne pour espérer, questionner, réfléchir. Car l’espérance est verticale.