A la fin de la journée, on ressent le besoin de respirer à plein poumons le parfum de la chaleur sous les pins de la forêt. On y va. Les narines et les poumons s’ouvrent amplement. On touche l’écorce des arbres. Et, comme quand on va sous l’eau les bruits se transforment, la façon d’entendre n’est plus la même : on comprend qu’on est dans le monde des cigales : elles crissent plus que tout. On s’assied sur une pierre, les mains sur les genoux et on plonge dans ce bain bruissant. On rentrera plus tard en portant sur soi le sel revigorant du chant.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 160
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Bain bruissant.
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Le message.
Au moment où deux chemins professionnels se séparent, recevoir un message inattendu et émouvant.
Non, pas émouvant. Plus qu’émouvant. Bouleversant. Non, plus que bouleversant, touchant. Touchant car dévoilant une proximité que, d’un commun accord, on avait laissée silencieuse ; et signalant, par sa forme, le respect d’une certaine réserve.
D’autant plus inattendu aussi que c’est un message dans un sens inaccoutumé ; de haut en bas. On ne s’y attendait pas. On n’y aurait jamais pensé. On ne l’avait pas prévu.
On le lit. On le relit.
On réfléchit à ce qui y est dit de ce qu’on est dans cette vie du jour.
On relit encore le message.
Comment va-t-on faire pour aller dire merci ? Non, pas merci. Il faudrait un autre mot. Lequel ? Peut-être pas un mot. Il en faudrait deux, ou trois même. Qu’est-ce qu’on va dire ?
On ne dira rien. Que pourrait-on ajouter qui puisse être utile ?
On ne fera rien non plus.
Mais, le soir venu, on a lu à haute voix le message là où des parents reposent. Ils auraient été émus, bouleversés, touchés. Ils auraient dit : « Ah, ça alors…. Et ben dis donc… » ... Eux qui de l’école n’ont eu que de courts souvenirs, ils auraient relu le message, se le seraient passés de l’un à l’autre. Il est possible qu’ils aient eu les yeux pleins de larmes mais ils auraient été fiers. Et heureux.