Une jeune femme est là tout près au moment où on rentre. On sent chez elle beaucoup d’angoisse. On s’approche pour lui dire bonsoir et on lui sourit. Elle répond et raconte son week end. On lui fait remarquer alors qu’il n’a pas commencé ! Mais elle est sûre que cela se passera ainsi, tel qu’elle le prédit, elle en a tellement vécu d’autres, tout aussi semblables. On la rassure. On est prête à prendre le temps de parler, mais elle, non. On la laisse rentrer chez elle.
On repense au temps où tout était compliqué dans ce qu’il y avait à vivre, tout était conflit et tension dans un monde d’obligations stériles. On n’avait pas encore mis un terme à des relations tyranniques et on donnait beaucoup de pouvoir à certaines personnes qu’on laissait, consciemment ou non, influer sur notre vie. On faisait tout pour être irréprochable : on était toujours à l’heure, on honorait tous les engagements, on avait une maison bien tenue, on faisait bien la cuisine, etc. Et on acceptait tous les reproches car on avait le sentiment, diffus, sournois, destructeur, de ne jamais pouvoir être à la hauteur. Jusqu’au jour où on a repris la main sur sa vie.
On repassera voir la jeune femme à qui on aimerait dire qu’on n’est pas obligé de se jeter dans la gueule du loup.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 182
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Pouvoir.
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Basilic, persil, menthe, coriandre, et sauge.
Sous le soleil éclatant du jour, on range les plantes d’hiver, cyclamens et bruyères, pour installer, sur le rebord de la fenêtre et sur la table bleue, un semblant de carré de simples : basilic, persil, menthe, coriandre et sauge. C’est encore tout fragile et tout petit, mais, le midi, pour parfumer la salade, on peut cueillir une feuillette de chaque.
Pour tenir compagnie à ces herbes odorantes, on est allé chercher deux pots de marguerites jaunes. Ainsi, au cas où le soleil du printemps aurait à se reposer momentanément, elles auront toujours l’illusion de la lumière.