Le matin même, terminer la veste blanche en laine qu’on vient de tricoter. Bien la repasser, ajouter quelques broderies. Elle est bien chaude. On dirait une liseuse, comme on en faisait avant.
Mais on n’en a pas besoin, en fait. On a bien aimé le modèle, on a bien aimé le tricoter. C’est déjà beaucoup.
L’après-midi, une copine du groupe tricot-couture file un coup de main pour les brides qui ne sont pas faciles à faire car la laine est épaisse, et on n’en a pas pris d’autre. On se rend compte que la liseuse est bien à sa taille. On lui dit : « Finalement, garde la, car je n’en ai pas besoin. » Elle en est toute contente.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 241
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Tricoter et donner.
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Ce qui est important.
Dans le hall, une jeune élève passe et nos regards se croisent. Elle détourne immédiatement les yeux et continue son chemin. On la suit, on l’appelle, on l’arrête, on lui dit doucement :
- Bonjour, C…. Vous m’avez vue dans le hall, et j’ai bien vu que vous m’avez vue. C’est mieux de se dire bonjour, ou de se sourire, plutôt que de détourner le regard.
Gênée, elle ne sait pas quoi dire. On continue, tout en l’accompagnant quelques pas :
- On ne peut pas faire comme si on ne se voyait pas.
Elle reprend :
- Mais vous ne pouvez pas dire bonjour à tous les gens que vous connaissez !
- Je dis toujours bonjour à ceux que je croise pour la première fois de la journée, ou bien je fais un petit signe, ou je souris. Mais jamais je passe à côté d’eux en détournant le regard, on en faisant comme si je ne les voyais pas. Je ne vous demande pas d'être polie, juste de vous souvenir que vous me connaissez.
Le lendemain, les jours suivants, elle dit bonjour quand on se croise, ou alors elle fait un petit sourire. Mais elle ne baisse plus les yeux. D'autres commencent à le faire aussi.
Merci à CW de m’avoir rappelé ce moment important.