Dans le sac à dos, en ce moment, L’œil américain, de Pierre Morency. Lecture lente, très lente, car c’est un grand plaisir de relire quelques passages plusieurs fois. Comme une gourmandise. Et, on peut le dire, comme une extase, ainsi des pages sur le pissenlit. Ou d'autres... Alors, pour partager, voici un extrait :
« Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude. Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans le torrent, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s’enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi, les fleuves d’odeurs comblent des museaux, chaque aube a son soleil à nul autre semblable, chaque soir soulève des tours de sons inouïs, la nuit porte des lueurs, des oreilles se tendent pour tout saisir, des yeux cherchent des yeux, on marche sous les pierres, on pousse à la lisière, tout va mourir bien sûr, tout va partir en poudre sous la terre ou dans le vent, mais tout cherche à naître encore et toujours. Que jamais ne nous déserte cet éclair qui nous tient aux aguets. »
Pierre Morency, L’œil américain, p. 22/23, Le mot et le reste, 2021 pour l’édition française.
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En lisant. Pierre Morency.
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Lectures au fil du mois d’août.
Michel Winock : Le monde selon Flaubert. Pour se préparer à relire Flaubert dont on fête le bicentenaire de la naissance (il était né le 12 décembre 1821).
Maurizio Di Giovanni : Des phalènes pour le Commissaire Ricciardi. Ouf, Enrica n’a toujours pas épousé Manfred et le Commissaire Ricciardi et elle ont fini quand même par se croiser dans la rue, à la toute fin du roman et ils ont échangé quelques mots. Il faut espérer que le Commissaire Ricciardi se bouge un peu dans le prochain opus qu’on attend avec impatience.
Faith Martin : Le corbeau d’Oxford et Un pique-nique presque parfait ; une série anglaise policière fort plaisante, un vieux médecin et une jeune policière stagiaire enquêtent.
Et, la cerise sur le gâteau, parce qu'on n'attend que très rarement quelque chose de la rentrée littéraire, Crions, c’est le jour du fracas, d’Héloïse Guay de Bellissen, un roman qui met en parallèle la révolte des enfants prisonniers au pénitencier de l’Ile du Levant au XIX° siècle et la quête d’absolu d’un groupe d’adolescents dans le sud de la France à la toute fin du XX° siècle.