Le matin, toujours Printemps silencieux, de Rachel Carson et Ce qui n’a pas de prix, d’Annie Le Brun (voir ici).
Dans le sac à main, l’inépuisable La voix qui t’est due, de Pedro Salinas et le numéro de septembre du Magazine Littéraire.
Le soir, Kristina Ohlsson, La fille au tatouage, en alternance avec Marguerite Yourcenar, Nouvelles orientales.
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Livre du matin / Livre du sac à main / Livre du soir.
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Passer la soirée avec Emilie.
Dans le dernier roman d’André Bucher, Un court instant de grâce, comment ne pas suivre passionnément cette histoire d’arbres convoités comme des objets de consommation sans avenir. Pourtant, ce qu’on retiendra, c’est le regard qu’un homme porte sur une femme. Sa mère, « une femme de soleil et de vent » (page 132). Au fur et à mesure des événements, il se met à la regarder autrement : ce n’est plus seulement sa mère, mais une personne à part entière. Au début du livre, il est un peu condescendant avec elle, comme on peut l’être avec ceux qui prennent de l’âge quand on est soi-même encore fort. Ce fils de trente ans a cru que c’était en quittant son hameau et en devenant le contraire de ce qu’étaient ses parents et ses grands-parents, qu’il était devenu lui-même. Il pensait que c’était logique de s’affirmer ainsi : s’affirmer contre. Mais c’est ainsi se définir en creux. Sa mère lui montre l’urgence de faire un choix de vie dans laquelle les contraintes sont fortes, oui, mais porteuses d’harmonie quand elles sont accompagnées d’un refus de la résignation. Emilie refuse les compromissions et s’acharne à « maintenir l’espoir, tout ce en quoi consistait le prix d’une existence. » (page 159).