Je paraphrase ici quelques mots de Martin Buber, « toute vie est rencontre » (1) :
« toute vie est regard ».
Prendre soin de son regard pour en faire comme un soleil de chaque matin engrangeant tout au long du jour de ces marqueurs de vie
Prendre soin du regard des autres aussi, car regarder, c’est vivre.
Je pensais à cela hier soir en rentrant, repensant à la très vieille dame que j’ai accompagnée en dehors de son lieu de vie, juste après la porte, pas loin, quelques pas à peine, mais dehors.
Et la voilà qui disait remarquant
un bougainvillée :
Oh ! c’est un bougainvillée !
et parlant alors des bougainvillées de sa jeunesse.
le ciel
Oh ! comme le ciel est bleu !
et disant alors comme il était grand
le vent
Oh ! il y a du vent aujourd’hui !
et fermant les yeux en offrant son visage au vent qui soulevait les mèches grises de ses cheveux que d’un geste familier elle remettait en place
elle regardait en elle la brise et lui souriait.
(1) Martin Buber, Je et Tu, préface de Gaston Bachelard, Ed. Aubier, Philosophie de l'esprit, traduction de Geneviève Bianquis, 1969. Cote médiathèque Chalucet Toulon : 77884
Bonheur du jour - Page 6
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Toute vie est regard
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Le temps qui passe
Regarder le temps qui passe.
Parfois, il passe vite, si vite qu’on se demande où il est passé et on aurait presqu’envie de se retourner pour l’apercevoir à nouveau mais on a beau scruter l’horizon, il a bien disparu. Il reste pourtant, fugace, effluve, tintement.
A d’autres moments, il s’étire et on en profite alors car il est là, tout rond comme la joue d’un enfant, tout plein comme un saladier qui passe de mains en mains autour de la table, tout chaud comme un corps contre un corps.
Le temps. Le temps de la vie.
On l’apprend tous assez vite que le temps perdu ne se rattrape plus.
Mais sait-on assez que ce ne sera jamais plus ?
Voilà pourquoi, ce qui compte, c’est de toujours prendre la main de quelqu’un tant qu’il y a main.
C’est le main-tenant.