Alors qu’on est sur la plage du Pont du Sel, on regarde l’horizon au-delà de la mer qui clapote dans le doux vent de cette belle journée, au-delà aussi des îles dont les lignes bleues se profilent discrètement et encore au-delà, au-delà du ciel, très loin devant.
On se sent petit, comme souvent face à un paysage, tout comme on se sent vivant. Mais, on le sait maintenant, se sentir vivant c’est aussi savoir qu’on va mourir un jour comme tout à chacun, comme beaucoup de ceux qu’on aimait sont morts désormais. Comme celui auquel on pense à cet instant, qui aimait tant ce bout de plage.
La veille, on avait prévu d’écouter un peu de musique en arrivant ici et on avait choisi d’amener Jessye Norman chantant l’Ave Maria. Le matin même, on avait appris qu’elle avait rejoint le grand chœur des anges. On l’écoute avec émotion. Ce n’est pas seulement sa voix qui reste vivante dans les écouteurs, c’est le don qu’elle savait faire de ce don qu’elle avait reçu et qu’elle laisse en offrande pour l’éternité. Au fur et à mesure du chant, c’est comme si tout se déployait pour prendre une belle ampleur, lumineuse et, oui, éternelle.
Bonheur du jour - Page 535
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Sentiment d’éternité.
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La question du lundi : du café.
Accompagner quelqu’un qui doit se racheter une cafetière peut se révéler tout à fait intéressant finalement : on apprend des choses, on est totalement surpris, on finit par repenser à « avant » (on a l’âge, maintenant, de parler de cette façon qu’avaient nos parents de le faire, ce qui était très agaçant) et on constate encore une fois que le minimalisme, et bien ce n’est pas pour demain.
Que quelqu’un ne tente pas de faire réparer sa cafetière en panne n’est pas une surprise. Par contre, voir qu’on peut désormais avoir un contrat, une sorte d’abonnement avec prélèvement automatique et tutti quanti pour acheter son café, ça, c’est une première… Deuxième surprise, le montant annuel… Une somme coquette, quand même…
Et vlan ! On se met à repenser à comment c’était « avant », ce qui n’est pas forcément une bonne idée si on y réfléchit bien car « avant », tout n’était pas rose, loin de là. Mais pour le café, on se souvient qu’on l’achetait avec parcimonie. On le consommait, sans en gâcher la moindre goutte.
Et encore d’autres souvenirs sont revenus en mémoire : la casserole en fer, cabossée, dans laquelle on faisait réchauffer le café… Où est-elle passée, cette casserole ? Il y a avait celui qui n’aimait pas le café réchauffé …. celle à qui c’était égal… celle qui prenait toujours soin de faire du café frais pour celui qui rentrait de l’usine, fourbu, et qui le buvait avec délectation, assis dans la cuisine, ignorant que le reste de la cafetière avait été versé dans un autre contenant, et qu’elle le boirait quand ce serait son tour de faire une pause, après la lessive ? après le repassage ? après le grand ménage ? Mais peut-être qu’il ne l’ignorait pas, finalement.
Pour en revenir à la question du lundi, voici plusieurs questions possibles :
Avez-vous déjà pris un contrat auprès d’un fournisseur pour acheter votre café ?
Savez-vous quelle somme de votre budget mensuel vous consacrez au café ?
Buvez-vous uniquement du café frais ou pouvez-vous boire du café réchauffé ?
Est-ce que vous jetez le café qui n’a pas été bu avant d’en faire du frais ?