On a été élevé dans le culte du savoir. On ne manquait jamais un jour d’école, sauf si on était malade au point de ne pas mettre un pied par terre. Et encore, on sentait une sorte de suspicion de comédie. On nous rappelait constamment qu’on avait de la chance d’apprendre.
C’est pourquoi on a été très intéressée par une des dernières lettres de France Culture présentant une série « Voyage en agnotologie, pays de la science et de l’ignorance », où on apprend, entre autre, que « l’ignorance est un savoir comme un autre. C’est même une discipline scientifique récente : on l’appelle l’agnotologie, pour la science de l’ignorance. Elle étudie notamment comment certaines industries, comme celle du tabac, ont élevé la méconnaissance au rang d’art en
diffusant une contre-science destinée à empêcher tout ce qui aurait pu entraver son business. Pour ceux qui produisent l’ignorance, l’investissement est coûteux. Il l’est plus encore pour ceux qui la subissent. » Et nombreux sont ceux qui ont un « penchant vers l’ignorance »…
Que ce soit dans le domaine des sciences, ou de l’histoire, ou de la géographie, ou de la littérature, on se maintient dans un monde où le savoir est un atout et même plus, la liberté.
Qu’en pensez-vous ?
Bonheur du jour - Page 658
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La question du lundi. L’agnotologie.
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Passer la soirée avec les arbres.
Passer plusieurs soirées de suite, de longues et de belles soirées, avec La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben. On a attendu son tour pour lire ce livre, emprunté à la Médiathèque de Sanary. Parce qu’on l’a attendu, on l’a encore plus apprécié surtout que, au bout du compte, un des premiers points qu’on retiendra de ce livre, c’est qu’il est bon de prendre son temps. Le temps des arbres est lent ; il n’y a pas d’agitation dans leur monde.
Le deuxième point, c’est l’urgence de revenir à une gestion économe de la nature. Pas de gaspillage dans le monde des arbres, alors que les hommes gaspillent tout, et en particulier les forêts primaires.
Ce qu’on a retenu aussi, c’est qu’il faut que nous acceptions humblement que les arbres sont du domaine du vivant, et donc du questionnement, et donc de l’inconnu. Cette humilité est source d’émerveillement. Ainsi d’un phénomène auquel on n’avait jamais réfléchi : dans l’hémisphère nord, les arbres connaissent l’alternance des saisons et savent quand arrivent à l’automne le moment de perdre ses feuilles et au printemps le moment de les faire naître ; et si un arbre de l’hémisphère nord, un chêne ou un hêtre, est transplanté dans l’hémisphère sud, il s’adapte au rythme inverse des saisons. On en est resté bouche bée.
Enfin, nous avons aussi beaucoup à apprendre des arbres au sujet de la vie en communauté. Peter Wohlleben dit que les arbres "s’aident les uns les autres sans condition." On recopie ici un passage très émouvant :"Chaque arbre est donc utile à la communauté et mérite d’être maintenu en vie aussi longtemps que possible. Même les individus malades sont soutenus et approvisionnés en éléments nutritifs jusqu’à ce qu’ils aillent mieux. Une prochaine fois, peut-être les rôles s’inverseront ils et ce sera l’arbre-soutien qui à son tour aura besoin d’aide. Les gros hêtres à l’écorce grise qui se protègent mutuellement me font penser aux éléphants qui vivent en troupeaux. Eux aussi défendent chacun des membres du groupe, eux aussi aident les malades et les moins vaillants à reprendre de la vigueur et ne laissent qu’à regret leurs morts derrière eux."