A la fin de la journée, on ressent le besoin de respirer à plein poumons le parfum de la chaleur sous les pins de la forêt. On y va. Les narines et les poumons s’ouvrent amplement. On touche l’écorce des arbres. Et, comme quand on va sous l’eau les bruits se transforment, la façon d’entendre n’est plus la même : on comprend qu’on est dans le monde des cigales : elles crissent plus que tout. On s’assied sur une pierre, les mains sur les genoux et on plonge dans ce bain bruissant. On rentrera plus tard en portant sur soi le sel revigorant du chant.
Bonheur du jour - Page 750
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Bain bruissant.
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Un visage de femme souriant.
Pas de question ce lundi.
Un numéro : 78.651. Le matricule de Simone Veil à Auschwitz. Elle l’avait fait graver sur son épée d’Académicienne, ainsi que les flammes des fours crématoires, le nom de Birkenau, les devises de la France - Liberté, Egalité, Fraternité - et de l’Union européenne - Unie dans la diversité. Et aussi, un visage de femme. Souriant, ce visage.
On le redit encore : les barbares, s’ils gagnent sur l’instant, perdent toujours à l’aune de l’humanité.