Floraison des bougainvillées pourpres, des plumbagos bleu ciel, des agapanthes également bleues mais également échevelées, des hautes petites fleurs blanches qui se balancent dans le vent, des cistes, des oxalis. Les jours vont continuer à rallonger pour encore presque un mois.
Le compagnonnage avec les escargots se poursuit quasiment chaque matin, près du robinet du tuyau d’arrosage. Celui-ci, très ancien – il faudra penser à le changer – fuit quand on ouvre l’eau. Bien qu’on glisse un petit seau dessous pour récupérer l’eau qui s’échappe du tuyau, la terre se mouille à cet endroit-là et elle conserve un peu d’humidité. C’est donc là que sont les petites bêtes à cornes le matin.
C’est émouvant de constater combien elles la recherchent, cette eau précieuse qui vient du puits. Et quelle intelligence d’avoir compris et le lieu et le rythme des arrosages matinaux ! C’est aussi pour les animaux qu’il ne faut pas user de l’eau n’importe comment : pour eux comme pour nous, il ne faudrait pas qu’elle s’épuise définitivement.
Il faut prendre soin de l’eau, comme on prend soin des gens et des animaux et des fleurs et des arbres et de toute la vie.
Quand l’eau sort du puits, on la remercie.
Comme dit la dame âgée propriétaire des lieux et du puits : c’est de la bonne eau.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 56
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Floraison, remercier l’eau, prendre soin, en compagnie des escargots toujours
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Escargots et basilic, fleurs, l’antan.
Les escargots doivent penser qu’il n’y a désormais plus de basilic sur la terrasse : après avoir oublié un soir de rentrer le pot dans l’appentis pour le mettre à l’abri de leur appétit, on a constaté au matin qu’aucun gastéropode n’était venu dans la nuit. Le stratagème fonctionne. Bien sûr, il faudra rester vigilant et rentrer le pot chaque soir au moment de fermer les volets mais si on oublie une fois de temps en temps, ça ira. Toutefois, merci de ne pas informer les escargots de mes possibles distractions.
Marcher dans la colline et relever sur un petit carnet les noms de toutes les fleurs sans avoir la certitude de pouvoir y arriver, tellement elles étaient nombreuses : fleurs du thym, asphodèle, genêt, ciste cotonneux, immortelle, sainfoin, silène, aphyllante, vipérine, camomille, fenouil, bouton d’or … Et puis il y en a dont il faudra chercher le nom dans les livres de botanique.
Autour de la table où sont posés pelotes de laine, boîtes à couture, tricots ou raccommodages en cours, parler de la vie et évoquer ce que faisaient nos mères et grands-mères, l’antan, pour vivre avec si peu, leur ingéniosité pour faire durer les choses…