Accueillir les fleurs de l’ipomée et continuer à fixer ses longues lianes pour que la canisse soit un jour recouverte.
Traverser la rade en bateau pour aller au marché du Cours Lafayette. Revenir avec des olives vertes, des noires, de la bonne tapenade et du crémeux d’artichauts.
Faire provision de thé rouge, Bourbon et Marco Polo, de chez Mariage, car il est prévu un peu de mauvais temps et ce sera agréable de prendre le thé en regardant tomber la pluie.
Diner dans la cuisine d’été d’une amie douce et joyeuse avec d’autres amis ; se régaler, parler, écouter, rire.
Terminer le tome 3 de la trilogie de Baztan de Dolores Redondo.
A Sanary, prendre un café sur le port puis aller choisir un bouquet de fleurs. La fleuriste, comme d’habitude, accueille avec un : « Alors, ma Nine, comment ça va ? ». Repartir avec des soleils.
Recevoir encore des graines de roses trémières, joliment empaquetées dans du papier de leur future couleur : rose fuchsia.
Ecrire un long poème. Ne pas être encore convaincue qu’on pourrait tenter de le publier.
Marcher avec des poèmes de René Char dans le sac à dos :
"Si tu dois repartir, prends appui contre une maison sèche. N’aie point souci de l’arbre grâce auquel, de très loin, tu la reconnaîtras. Ses propres fruits le désaltéreront.
Levé avant son sens, un mot nous éveille, nous prodigue la clarté du jour, un mot qui n'a pas rêvé."
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Dans la cuisine : la soupe à la tomate.
Pour bien réussir la soupe à la tomate, il s’agit d’avoir de belles tomates bien bien mûres, et donc bien lourdes. Il en faut deux bons kilos. Celles de J., qui ont poussé à Ollioules, sont parfaites pour cela : on les pèle sans aucune difficulté avec la pointe du couteau et elles expriment un bon jus épais. Au fur et à mesure qu’on les coupe, on les pose dans un saladier, en attente. C’est très important de les poser dans le saladier, et non de les y laisser tomber : il faut toujours respecter les légumes ; imaginez qu’on vous laisse tomber dans un saladier, que diriez-vous donc ?
On prend les pommes de terre. Un kilo à peu près. Celles de M., qui ont poussé à Six-Fours, sont très bien pour la soupe. On lui en a demandé des grosses.
- « Pour la soupe ?
- Oui, pour la soupe.
- Alors il faut des oignons aussi. (Prononcer ou-a-gnons).
- Mettez m’en trois gros. »
On pèle les pommes de terres, grosses et tordues et on les coupe elles-aussi en cubes, avant de les mettre dans un autre saladier.
On pèle aussi les oignons, ce qui fait piquer les yeux, et on se souvient que dans l’antan, on faisait une remarque à propos des peaux de l’ou-a-gnon… Que disait-on ? L’hiver serait froid s’il y avait beaucoup de peaux ou peu de peaux ?
Dans la marmite en fonte, faire fondre du beurre ; un bon morceau. Prendre du vrai beurre, bien jaune. Au fur et à mesure que le beurre fond, ajouter les ou-a-gnons et remuer vivement. Quand tout le beurre est fondu et que les ou-a-gnons commencent à devenir translucides, mettre les pommes de terre puis les tomates.
Aller chercher une branche de romarin sur la terrasse. Dans le placard, prendre le pot rempli de feuilles de laurier et en poser deux sur le dessus. Poivrer. Recouvrir délicatement d’eau, mais pas trop d'eau. Faire cuire à feu vif jusqu’à ce que ça bouille bien puis baisser le feu et laisser mijoter un bon moment. On peut ainsi faire le repassage, regarder une émission sur Clara Haskil, faire le courrier, voire même déjeuner, prendre le café, aller chercher le courrier, et lire le journal car la soupe est prévue pour le soir.
Quand tout semble bien cuit, réduit, facile à remuer, bref, quand c’est le moment, mixer.
Mixer longuement afin que la soupe soit onctueuse. C’est comme une crème.