Se lever tôt, avant même que le réveil ne sonne.
Dans la maison endormie, préparer le café, faire griller le pain, ouvrir les fenêtres et sentir que la pluie chaude de l’été va venir bientôt.
Boire le café en écoutant les informations puis éteindre la radio.
Lire.
Entendre le voisin partir travailler : c’est comme un signal que la journée doit commencer, même si c’est un jour où on reste là car on peut travailler à la maison.
Lancer une lessive. Repasser le linge. Essuyer la poussière. Ranger la pièce. Balayer la terrasse. Regarder les plantes et les rassembler pour qu’elles s’abreuvent quand il pleuvra tout à l’heure.
Changer les draps.
Etendre la lessive.
Faire la cuisine.
Lire.
Ecrire deux lettres.
Aller à pied à la Librairie Charlemagne récupérer la commande de livres.
Au retour, offrir le visage aux grosses gouttes de la pluie de l’été.
Lire.
Travailler.
Déjeuner.
Lire.
Travailler.
Prendre un thé.
Plier le linge qui est sec.
Lire.
Brosser les chats.
Lire.
Dîner tôt car on doit aller garder un petit bébé.
Arriver dans la maison du bébé.
S’installer et lire. De temps en temps, se lever pour aller l’écouter dormir, et le regarder aussi.
Lire.
Rentrer à la maison.
Lire alors que la nuit s’avance, les trois chats tout près.
Ecrire dans le petit carnet noir ces quelques vers de Tomas Tranströmer mis en exergue de Sables mouvants d’Henning Mankell : « N’aie pas honte d’être homme, sois-en fier !
Car en toi une voûte s’ouvre sur une voûte, jusqu’à l’infini.
Jamais tu ne seras parfait, et c’est très bien ainsi. »
moisson - Page 13
-
Moisson.
-
Moisson.
De très bonne heure, sur le ponton, en attendant le bateau, profiter de ce qui reste de la fraîcheur de la nuit.
Nager.
Aller à pied au marché de La Seyne : courgettes, tomates, poivrons, aubergines, oignons, pour la ratatouille qu’on mangera chaude ou froide, c’est selon. Choisir les légumes au marchand qui vend aussi des fleurs, lobelias, géraniums, gazanias.
La bouteille d’huile d’olive est vide. La remplir à partir du bidon ramené de Crète par une amie jardinière.
Lire les poèmes d’Emily Brontë, tout un après-midi, alors que la maison est bien fermée pour se protéger de la chaleur.
Faire repeindre le grand portail et les deux murs qui lui sont perpendiculaires par deux gentils bricoleurs ; on les a connus tout petits, on les a amenés à la plage alors, on a veillé à ce qu’ils mettent bien leur chapeau et qu’ils se mouillent la nuque avant d’aller à l’eau ; et maintenant, ils sont si grands qu’ils installent facilement une canisse sur la pergola pour qu’on ait moins chaud.
Brosser les chats.
Recevoir deux lettres.
Lire un bel article sur Marie Noël, qui donne envie de relire quelques uns de ses poèmes et de ses textes.
Envoyer Foutez-vous la paix, de Fabrice Midal, à quelqu’un qui compte beaucoup.
Ecrire cinq pages.