Certains jours semblent confirmer le lot de difficultés auquel tout à chacun est confronté dans ce monde et dont parfois on a bien du mal à voir comment on pourrait les régler ou du moins les améliorer. On apprend un décès, on apprend que quelqu’un dont on est très proche est gravement, très gravement malade, il y a la guerre dans de nombreux pays, toujours ces millions de réfugiés quasiment abandonnés, le réchauffement climatique et les disparitions d’oiseaux, de paysages et d’animaux qu’il entraîne, la misère qui s’accroît, la richesse insolente qui s’accroit encore plus vite, la solitude des uns et des autres, la souffrance des corps et des âmes, et puis il y a des jeunes qu’on connaît bien et qui ne trouvent pas de travail, d’autres qui perdent le leur ; et cette épidémie de Covid-19, ces gens malades dont on montre les corps, même floutés mais quand même, dans des services de réanimation, ces morts par centaines, par milliers, par dizaines de milliers, par centaines de milliers, plus d’un million ; et ce même jour où on pense à tout ça, en plus il ne fait pas beau, en plus on doit faire salle d’attente, en plus on doit remplir ce fichu papier pour être autorisé à sortir, d’ailleurs, on ne trouve plus l’exemplaire qu’on a mis de côté pour le remplir, ah, ça y est, le voilà, et en sortant de la cour, un camion s’est mal garé et on ne peut pas passer, ah, enfin, on peut y aller ; et sur la route il y a des travaux, et maintenant il fait froid…
On arrive là où il faut attendre son tour et plutôt que de rester dans une pièce fermée, il y a du retard, en plus, ah, mais vraiment quelle journée, mais on voit tout à coup les nuages se disperser et le soleil revenir, donc on s’installe sur un petit muret et on sort le livre du sac.
« J’aime les livres. J’aime leur monde. J’aime être dans la nuée que chacun d’eux forme, qui s’élève, qui s’étire. J’aime en poursuivre la lecture. J’éprouve de l’excitation à en retrouver le poids léger et le volume dans l’intérieur de la paume. J’aime vieillir dans leur silence, dans la longue phrase qui passe sous les yeux. C’est une rive bouleversante, à l’écart du monde, qui donne sur le monde, mais qui n’y intervient en aucune façon. » (1)
Alors là, on sait qu'on va lire un livre qui parle de livres, ces grands consolateurs, ces grands amis fidèles qui tiennent toujours le coup. La vie a du bon, quand même, puisqu’il y a les livres.
(1) Pascal Quignard : L’Homme aux trois lettres, Grasset, 2020.
Bonheur du jour - Page 337
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Le bon côté des choses.
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Moisson du 18 novembre 2020.
A la caisse d’un grand magasin de papeterie, de matériel informatique et d’articles de bureau, regarder les cartes de Noël installées sur un présentoir. Pour savoir de combien de cartes on aura besoin cette année, en rentrant à la maison, commencer à faire la liste de celles et ceux à qui on en enverra une.
Dans l’allée qui mène à la maison d’un ami qu’on aide à circuler parce qu'il est handicapé, remarquer que cela sent bon. C’est le néflier tout en fleurs !
Relire En dormant sur un cheval, de John E. Jackson, un livre magnifique sur l’amour de la poésie.
Admirer l’hibiscus, définitivement déconnecté du rythme des saisons, puisqu’il continue à fleurir abondamment.
Faire la lessive de plus en plus souvent au savon noir Marius Fabre. Il faudra penser à aller en chercher un bidon à la coopérative agricole. On en profitera pour prendre quelques bulbes de tulipes.